dimanche 27 juin 2010

Patagonia et Lake district

Buenas Noches,

Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour ecrire depuis que je suis arrivee en Patagonie, ou j'ai passe ces 5 derniers jours . Principalement a cause du fait qu'il y a tellement de choses a voir ici, et que mon timing etait plutôt tight.

Je suis arrivee mardi soir a El Calafate. Ambiance des l'approche de l'atterrissage, quand le pilote nous annonce qu'il fait -10·C sur place, et qu'il a neige non stop toute la journee. Ma premiere pensee a ete pour mon pull en laine achete la veille au marche de San Telmo...
Des la sortie de l'aeroport, je dechante assez vite car je realise que meme avec mon pull en laine, je vais avoir beaucoup de mal a eviter l'hypothermie!
Je sors donc pull en polaire, echarpe, bonnet et gants. Et tout d'un coup, le mystere de mon sac que je n'arrivais pas a fermer est resolu! 

Comme j'avais prevu de ne passer qu'un jour et demi a El Calafate, j'ai donc pense que pour optimiser le temps passe sur place, une balade d'une journee entiere en bateau sur le Lago Argentino d'ou je pourrais admirer les 3 glaciers du Parque de los glaciares (Upsala, Spegazzini et Perito Moreno) serait un bon moyen d'apprecier les merveilles de cette region. Donc apres un depart a 6h du matin par -13·C dans un bus dont l'air conditionne etait bloque sur HIGH (rien de mieux pour vous reveiller qu'une balade en bus-iceberg), nous arrivions finalement a Puerto Bandera ou nous devions prendre notre bateau. J'etais juste ravie de decouvrir qu'il etait chauffe et que j'allais enfin pouvoir recuperer l'usage de mes doigts.... Ce qui a ete assez pratique par la suite je dois dire, sachant que ce jour la j'ai pris plus de 400 photos...

Admirer un lever de soleil est en general un beau spectacle, peu importe l'endroit ou on se trouve... Mais admirer un lever de soleil sur un lac gele, entouree de montagnes enneigees et d'Icebergs geants n'a pas de prix... Avant même d'arriver aux glaciers, nous avons navigue pendant 2 heures sur le lago Argentino, admirant encore une fois la beautee brute de cette nature. Malgre les fortes chutes de neige de la veille, le ciel etait parfaitement degage et offrait le plus beau des contrastes, entre le noir de la roche et le blanc de la neige, la couleur lactee de l'eau, le bleu turquoise de la glace, et la couleur rose-bleutee du ciel ou le soleil se levait a peine...
Malheureusement la route pour aller au glacier Upsala etait bloquee par la glace, donc le bateau prit directement la direction du glacier Spegazzini... Suppose etre le plus petit du parc, ce glacier me semblait deja etre suffisament impressionant et menaçant... Mais biensur l'arrivee au Perito Moreno me fit relativiser cette derniere observation... La taille de cette etendue de glace est difficile a imaginer, tout comme l'aspect menaçant des pointes de glaces s'elevant parfois a 80metres au dessus de la surface du lac, et allant parfois a plus de 400m de profondeur.

Le Perito Moreno est le seul glacier au monde en phase d'avancement. Il s'etend a la vitesse de 30cm/jour vers la peninsule lui faisant face. Ce qui donne naissance a un phenomene assez spectaculaire auquel le glacier doit sa renommee: Alors que le glacier s'avance vers la terre, creant donc un barrage naturel sur le lac Argentino, les eaux qu'il coupe continuent d'exercer une pression considerable pour se frayer un passage vers le cote nord du glacier. Ces courants finissent par creer un pont de glace naturel reliant la face du glacier et la peninsule. Alors que le glacier continue de s'etendre, la pression de l'eau ajoutee a la resistance de la terre ferme provoque le detachement d'enormes morceaux de glace qui tombent ensuite dans l'eau du lac, dans un grondement assourdissant. Arrivee a un certain stade, la glace cede sous la pression et le pont de glace se detache completement. Ce sont alors plusieurs centaines de tonnes de glace qui tombent d'un coup dans le lac Argentino. Les personnes qui ont la chance d'etre la lorsque ce phenomene se produit en gardent en general un souvenir innoubliable. Malheureusement pour moi le pont s'etait effondre une semaine et demi avant mon arrivee, et je n'ai donc pu voir que des detachements de glace mineurs.


Le mercredi je decidais de retourner dans le parc national pour y faire une balade a pied cette fois ci. Comme le bus que je devais prendre avait apparemment oublie de s'arreter a l'hotel, un taxi me proposa de m'emmener jusqu'au parc pour une centaine de pesos. Etre temps la neige avait commence a tomber, et la route s'etait progressivement recouverte de glace. On mit donc a peu pres 2 heures pour rejoindre le parc, qui est a 80kms du centre d'El Calafate. Je ne peux pas dire que j'en menais large a l'arriere de la vieille Volkswagen, qui cahotait et derapait a chaque virage, mais la vue de ce paysage Patagonien sous la neige me permit tres vite d'oublier les 200 m de denivele vers les eaux gelees du Lac qui s'etendaient en dessous de nous...

Paysage lunaire et fantastique, entre l'ocre de la terre qui se melait au blanc de la neige, les montagnes au loin et le reflet du ciel nuageux dans le lac... Et au loin, difficile a distinguer a cause du brouillard qui s'etait accroche au dessus du parc, le Perito Moreno, fantôme gigantesque et intimidant, tellement majestueux aussi...
Je pensais a ce moment la que l'homme et sa soif de construire des monuments qui s'elevent toujours plus haut, qui sont toujours plus impressionants, n'a jamais reussi a egale en taille, en puissance, en longetivite, en beaute, ce que la nature a reussi a creer... je partageais cette pense avec Juancho, mon chauffeur de taxi, qui me repondit d'un ton tout a fait naturel : "No señorita, no creamos nada, destruyamos todo" / "Non mademoiselle, nous ne creons rien, nous detruisons tout"
Cette phrase, aussi simple et evidente soit-elle, me fit l'effet d'une douche glaciale... Dans ce taxi qui parcourait les routes de la Patagonie, je me sentais infiniment triste en regardant le paysage. Ce paysage auquel NOUS avons donne un nom, que NOUS avons decrete comme etant NOTRE propriete, que NOUS avons annexe et traite comme si c'etait une autre monnaie d'echange. Et dont Nous ne prenons pas franchement soin non plus... Je ne veux pas donner de discours ecologique ici, mais cette pensee a ce moment la me rendit profondement triste et consciente de ce que nous avions a perdre si nous ne prenions pas soin de cette Terre, immensement riche, immensement belle. Je pris aussi conscience que rien de ce que nous pouvions entreprendre pour prevoir les manifestations de force de la nature ne serait jamais suffisant... Les tremblements de terre feront toujours des morts, les tusnamis emporteront toujours sur leur passage maisons, voitures, habitants, les volcans laisseront toujours des paysages brules derriere eux, des ouragans detruiront toujours tout sur leur passage... Nous essayons par tous les moyens de controler quelque chose qui nous depasse et qui est, de toutes façons infiniment plus grand et plus puissant que nous. Cette Terre, nous la peuplons, mais il serait stupide de penser qu'elle nous appartient... Et lorsqu'elle decide de reprendre ses droits, il n'y a rien que nous puissions faire pour l'en empecher.

Ma balade dans le parc fut assez courte, du a la tempete de neige qui s'etait levee et la mauvaise visibilite qui ne permetait pas vraiment l'obseration du glacier. Je repartis donc en sens inverse, vers l'hotel puis vers l'aerport ou je pris un vol pour Bariloche.

Le vol fut plus que mouvemente. L'avion fit des descentes assez impressionantes de plusieurs metres, avant de remonter tout aussi vite, tout ca dans un bruit de feraille vibrante et de moteurs qui fonctionnent a plein regime... Des femmes criaient dans l'avion, d'autre pleuraient. Et moi même je n'en menais pas large. J'etais même carrement terrifiee... Et je me repetais en permanence "you are gonna be fine, you are gonna be just fine..." C'est marrant a quel point me repeter ces mots en anglais me semblait bien plus reconfortant que les mêmes en français a ce moment la...
Enfin j'etais plus qu'heureuse de sortir de cet avion saine et sauve a Bariloche, et je plaignais tres sincerement les passagers qui continuaient jusqu'a Buenos Aires...

Bariloche est vraiment un endroit particulier, et assez magique je dois dire. Je vais finir par manquer de vocabulaire pour decrire le reste de ce voyage, mais je dois dire que tout ce que j'ai vu jusqu'a maintenant m'a emerveille...
Bariloche se trouve donc au coeur de la region des lacs, dans un ecrin de montagnes Andines. La ville elle meme s'etale tout le long de la rive sud du lac Nahuel Huapi, nom qui dans le language Mapuche signifie "Isla del yaguar", ou Ile du Jaguar. La vue sur le lac depuis le haut de la ville est fantastique et elle l'est encore plus du haut du Cerro Catedral, montagne situee a 30kms de la ville, et destination preferree des skieurs en Argentine. Je m'essayais moi même au ski Andin, et même si le materiel etait plus que douteux ( ce qui me valut quelques belles chutes), je profitais pleinement de la vue a 360· sur les Andes, les 7 lacs et les plaines de la Patagonie. 
Juan, le cousin d'un ami de l'ESCP, qui vit a Bariloche, fut mon guide ces 2 derniers jours. J'ai deja vante les qualites des Argentins, mais je dois encore insister ici en disant qu'il a ete incroyable! Apres avoir passe la journee entiere de vendredi a me faire decouvrir le Cerro Catedral, nous passames chez lui pour boire un peu de mate. En moins de 5 minutes, sa maman m'avait deja prepare un sac avec un pot de confiture de la maison et des petits gateaux,et m'avait invitee a diner le lendemain soir avec leur famille. Et c'etait avant que Juan, avec l'aide de son pere, passe plus d'une heure a s'occuper des moindres details de ma balade sur et autour du lac pour le lendemain. Je ne pense pas que beaucoup de monde en Europe soit capable d'être aussi spontanement gentil et "helpful" ( je ne trouve pas de traduction ideale pour ce mot en français..).
Bref, Bariloche etait aussi une tres belle etape de mon voyage... 

Je pense que ce message est deja suffisament long, je dois maintenant aller preparer mon sac pour repartir cet apres midi vers Buenos Aires, ou je vais juste passer une nuit avant de prendre la route vers Salta.

Je vous embrasse tous tres fort, et vous ecrirai tres bientot depuis le Nord Ouest de l'Argentine...
Hasta Pronto!
Lea

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